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Sans Redemption

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burning-angel's avatar
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Mon âme est comme moi. Vieille. Et mes yeux ont vu trop de choses. Il est temps pour moi de me retirer et de laisser la place à la nouvelle génération. A la descendance. Je dois mettre noir sur blanc, toutes mes histoires, mes aventures et mes déboires. Je vais commencer là, où tout a réellement commencé, pour moi en tout cas. Je ne pourrais jamais l’oublier, bien que je n’ai jamais vu son visage.

Je me souviens de la première fois que je l’ai vu. Il marchait sur le petit chemin de terre menant à notre petit village de campagne. Mes voisins l’avaient croisé en allant aux champs. Ils l’avaient trouvé étrange. Arrivé au centre de la petite place, il demanda à voir le chef. Une réunion avec les membres importants de la communauté s’improvisa dans la hâte. J’appris plus tard de quoi il était question. Le chef sortit et donna l’alerte ! Cette nuit-là, de la forêt, surgissaient des bruits monstrueux. Des hurlements qui transperçaient mon cœur de mille aiguilles. C’est alors que s’échappant des arbres, une nuée de Démons apparut. Certains étaient gigantesques, d’autres plus petits, certains marchaient, d’autres rampaient. Et le carnage commença. Quelques uns sautaient sur les maisons, les écrasant de leur poids colossal.

D’autres lançaient des coups de queue contre les murs en les envoyant en éclats. Et les derniers prenaient un malin plaisir à tout faire brûler. En quelques instants, le ciel noir de la nuit ne fut plus qu’un océan de sang rougi par les flammes grandissantes des chaumières. Ils riaient. Ils criaient. Ils hurlaient leur puissance démoniaque et destructrice. Ces cris couvraient le crépitement de la paille des toitures. Les créatures s’étaient bien amusées. Le jour ne devait plus être très loin. Il n’y avait plus une maison debout. Elles gisaient au sol, en cendre et en feu. Le temps était venu pour les démons de quitter le théâtre de leur crime et de retourner vers la forêt paisible.

L’église, construite à l’écart du village, laissait inconsciemment dépasser son clocher des cimes du bois. Un seul démon le remarqua en levant les yeux vers la lune blanche. Quittant discrètement ses frères d’apocalypse, il prit le chemin sacré. Les flammes de la ville faisaient danser son ombre démoniaque sur la porte massive du monument. Ses cornes griffaient presque le bois, et son souffle ardent illuminait les clous de cuivre. Poussant lentement les deux battants de cette ouverture majestueuse, il voulut impressionner toute personne présente. Mais il ne semblait pas y avoir âme qui vive. La nuit s’était réfugiée dans cette petite église.

L’obscurité était presque palpable, juste une poignée de bougies éclairaient les recoins de la salle de pierre. Le démon s’avança lentement. Plus il avançait, plus les cierges paraissaient reprendre de la vigueur envahissant de plus en plus la pièce de clarté. Le démon scruta du regard la moindre trace de vie pour pouvoir jouer avec, comme un chat avec une souris. Son corps et son regard s’arrêtèrent brutalement. Devant l’autel, une masse indéfinie se présentait, dos à lui. Une sorte d’amas de vieux tissus sombre et glauque était comme posé sur les dalles glacées. Impassible. C’était un moine. Un humble moine priant, un genou à terre, face vers le sol. Il tourna un instant la tête vers l’immonde créature. Le démon parut curieux. Le moine reprit ses songes, ignorant la bête derrière lui.

Ce dernier se mit en rage, grattant le sol de ses sabots, soufflant bruyamment comme un taureau déchaîné. Le moine se leva, lentement, comme saluant son seigneur. Le démon s’impatientait. Le prêtre se retourna, simplement. Bien qu’il soit face à la créature, on ne pouvait voir son visage ni même ses mains, sa robe le couvrait parfaitement. Le démon déclencha son attaque en faisant luire ses cornes. Elles devenaient de plus en plus claires, blanches, rayonnantes. Et il se forma entre les deux, un éclair, déchirant le silence de ce lieu saint. Cet éclair déchira l’espace et l’air, partant foudroyer le moine. Celui-ci se protégea derrière sa main. Une main d’une blancheur immaculée, presque morbide, il bloqua la foudre qui devait le frapper. Dans un fracas terrible, l’éclair résonna sur les murs de roc. Sans trace, ni même une marque, il remit sa main le long de son corps. Les yeux du monstre étaient exorbités par la surprise. L’homme restait là, sans un mot ni le moindre geste, stoïque. Le démon recula, et semblait prendre peur, mais un sursaut d’orgueil lui fit recommencer son attaque. Le tonnerre retentit de nouveau mais le résultat fut identique. Le silence de retour dans la salle était pesant pour la bête. Mais ce calme laissa la place à un léger bourdonnement. La pièce sombre, devint peut à peut de plus en plus lumineuse.

Une clarté, presque sacrée, emplissait la paroisse comme le son devenait plus fort. C’est du dos du saint homme que s’échappait cette ambiance mystique. La lueur provenait de flammes, pas de celles du village passant par la porte restée ouverte, mais bien de ce moine étrange. En un instant, le sifflement se tut lorsque deux ailes immenses sortant du dos du prêtre envahirent l’intérieur de l’église. Ses ailes étaient inimaginables, d’une taille majestueuse et brûlant leur propre substance. Le démon fut terrorisé : cet enfant du mal venait de connaître la peur pour la première fois, mais aussi la dernière.

L’ange retira d’une main lente le masque qui le cachait. Son capuchon couvrait toujours son visage. Son masque, aussi blanc que sa propre main, ne comportait aucune ouverture, ni pour les yeux ni pour la bouche. D’un geste, il leva la tête dévoilant son visage à la bête apeurée. Il n’avait pas de trait, il n’était que lumière, une lumière puissante, éblouissante, aveuglante, tel un soleil à midi. Le démon s’aperçut bien trop tard que cette lueur lui était fatale, il tenta de se protéger avec ses bras, mais il n’était déjà plus qu’une statue de lui-même. Pétrifié par cette blancheur, il vola en éclat sous la force de cette frappe lumineuse. Propulsés dans les airs, puis tombant à terre, les morceaux de la créature se dispersaient. Un bras, pétrifié, glissa jusqu’à l’ange. Il ne restait rien de ce membre, si ce n’est une trace sur la peau : un tatouage. Ce dessin mystérieux était complexe et indescriptible. L’ange se dirigea vers la sortie de l’église. Ses ailes s’étaient évaporées. En replaçant son masque, il laissa voir la marque qu’il portait, comme le démon, sur son bras : le même tatouage.

Le jour était là maintenant, l’ange resta un instant sur le seuil, constatant le malheur du village. Il reprit le chemin vers les bois. Suivant apparemment les démons dans leur route. Les villageois, réfugiés dans un endroit sûr, voulurent remercier cet homme, qu’ils croyaient ordinaire. Mais ce dernier ne leur fit qu’un simple geste au loin, ne s’arrêtant pas dans sa marche. Deux fermiers, le père et le fils, avaient assisté au combat entre le divin et le malin. Le jeune voulu poursuivre l’ange pour le remercier d’avoir sauvé leur famille. Mais le père saisit le bras de son fils en lui disant non ! Les visages se firent plus durs entre les deux hommes. La sagesse du vieux paysan se fit entendre. Il raconta à son enfant, l’histoire triste et mélancolique d’un être parfait, un ange comme ce faux moine. Cet ange n’était pas comme les autres, il ne se sentait pas heureux au paradis. Il passait ses journées à regarder les humains naître, vivre et mourir. Il voulait que ces vies soit sans peines, sans heurts et sans les malheurs de ces démons de l’enfer ! Il décida qu’il devait faire autre chose que de les observer de haut, discrètement, il doit pouvoir intervenir lorsqu’il le faut ! Alors il quitta le paradis et descendit sur la Terre des hommes. Dieu, remarqua ce départ et estima cette fuite comme dangereuse pour lui et les autres anges. Il convoqua le déserteur et le questionna sans ménagement. Le pauvre ange s’expliqua en implorant le pouvoir d’aider les hommes. Le Seigneur lui rétorqua qu’il n’avait pas créé les anges pour cette fonction, qu’il ne pouvait combattre les démons sans son autorisation, qu’il n’y avait pas lieu de déclencher une guerre sainte contre les démons de la surface et qu’il devait donc rester au paradis avec ses frères anges pour accueillir les morts et veiller à leur bien-être. Non, supplia l’ange, harassé de tant de passivité, il veut combattre le mal, sauver des vies plutôt que de les attendre ici alors qu’il est trop tard ! Dieu se courrouça. Il ordonna de châtier son enfant, l’expulsant du Paradis pour l’éternité, lui retirant sa beauté parfaite et ses ailes de plumes blanches ! Il devint un être entre démon et ange. Voir son visage provoque la mort par la pétrification, le toucher, la mort par l’immolation et ses ailes sont devenues aussi dangereuses que les flammes de l’enfer ! Pourtant il reste une créature au cœur plein d’amour pour son prochain, ne souhaitant faire que le bien. Préférant donner sa vie, maintenant mortel, pour sauver un enfant plutôt que d’attendre l’âme de ce petit être aux portes du Paradis.

Le jeune paysan fut surpris de cette histoire, inondant son père de questions afin de savoir s’il disait vrai. Puis il marqua une pause et sembla attristé par l’état de cette créature bonne, mais définitivement vouée à donner la mort même sans le vouloir. Il se demanda alors comment pouvait vivre un être avec un tel fardeau. Un tel poids sur ses épaules. Vivre avec une charge aussi terrible attrista le petit paysan, se sentant presque mal à l’aise, voulant faire un geste pour cet ange, mais ne sachant rien pouvoir faire… Le père le réconfortât en lui disant qu’il avait choisi cette route et qu’il n’avait pas de remord. Il est l’archange de la solitude. Le père dit à son jeune fils qu’il ne fallait pas pleurer pour lui, qu’il n’aimerait pas ça, qu’il préférerait nous voir reconstruire nos maisons le sourire aux lèvres. Il serrait son enfant contre son cœur. Et lorsque ce dernier leva les yeux vers le visage de son père, il vit une larme couler sur sa joue. L’ange marchait toujours vers les arbres, se dirigeant vers les démons de la nuit. Son pas assuré ne faiblissait pas. Bientôt, il fut trop loin du village pour entendre le feu qui y sévissait encore. Le silence autour de lui, comme les arbres, le rendait las. Il repensait aux visages qu’il ne pouvait voir, comme autant de vies qu’il venait de sauver. Cette torpeur le rendait plus calme aussi, plus sûr, sachant qu’il arriverait à la tanière de ces démons dans quelques jours. Ce sera une longue route. Une route solitaire. Elle offrira à son cœur le repos du guerrier. Le calme avant la tempête. Demain, il en tuera encore un ou deux peut-être. L’un de ces démons, ses frères. Et il le savait.

C’était la première fois que je le vis, il paressait ordinaire, pareil à tout homme. Sous sa robe de moine, brûlait un cœur incroyable de bonté et de générosité. Un être créé pour le bien, mais qui ne pouvait faire que le mal. Et depuis je ne suis plus le petit paysan ignorant, je connais toute son histoire. Je connais son secret.
Ecrite en 2000 suite à un rêve fait durant un cours de français quelques moi auparavant (authentique).
L’image d’un moine mystérieux m’est restée comme mon pseudonyme le plus utilisé "Burning Angel" auquel il m’arrive de m’identifier.
Le bien et le mal dans une seul et même créature … de Dieu ?

Commentaires, remarque et autre, bienvenus !

Written in 2000 following a dream made during a French course a few months before (authentic).
Image of a mysterious monk remained to me like my more used nickname "Burning Angel", at which it is able to me to be identified.
The good and evil in one only and even creature... of God?

Translation soon.

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© 2004 - 2024 burning-angel
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MapArt's avatar
J'Adore!

Je l'avoue, J'ai été septique au début. Mais après l'avoir lu.
J'trouve ça bien. Aurais tu un peu d'écrivain dans l'âme?!?

2e paragraphe : petit village de cAmpagne et non cOmpagne... :D

Bravo! Ta réussi à me faire veiller un peu plus tard..rien que pour voir la fin de cette partie... ;P
Demain..Vais continuer...Surment...
:glomp: